Le parcours de Marcel et Son Orchestre aurait de quoi faire pâlir d’envie la plupart des groupes de rock. Combien, parmi les formations hexagonales, peuvent afficher autant de participations aux festivals, une dizaine de tournées françaises avec des salles bien souvent complètes, 2 participations aux Eurockéennes de Belfort, 2 également aux Vieilles Charrues, 4 aux Francofolies de La Rochelle, plus celle de Spa, de Montréal, plusieurs Solidays…
La liste pourrait faire plusieurs pages…
Les « Marcel » n’ont pas cherché à capitaliser, ni à faire savoir, ils n’ont pas souvent regardé dans le rétroviseur.
La décision d’arrêter avait été prise au moment de l’enregistrement du dernier album.
L’idée était alors de monter une tournée d’adieu afin de remercier les fans, les organisateurs qui avaient permis de vivre cette belle et grande aventure.
La fréquentation des concerts de Marcel ne subissait pas la crise.
Le public était toujours aussi enthousiaste !
Le dernier album était de leur propre aveu, une belle réussite.
Pendant plus de 20 ans, à contre vents en se marrant, sans se soucier des modes, des codes et des façons, Marcel a trimballé son mauvais esprit, ses riffs et ses refrains convulsifs sur toutes les scènes, de la plus modeste à la plus prestigieuse.
Marcel a fabriqué son look en prenant le parfait contre-pied de la rock’n’roll attitude, en accumulant les fautes de goût avec une joie jamais dissimulée.
Les entrepôts du Secours populaire nous ont bien aidés.
Dans cette époque où même les rockeurs ont moins d’audace vestimentaire que les agents d’assurance, Marcel a créé un espace où il n’y avait plus de frontière entre le groupe et le public. Il n’y avait plus d’un côté le groupe et de l’autre les spectateurs, mais une fête.
Une fête exubérante, débridée et salutaire.
Le principe Marcel c’était : Méfiez-vous des apparences l’alibi ne fait pas l’âne.
Alors pourquoi arrêter ?
« Il devenait difficile de s’enthousiasmer sur les mêmes idées. Il ne s’agissait pas de désaccord de fond, mais de forme. »
« Par désir de goûter à autre chose. »
« On ne voulait pas finir par ressembler à Phil Collins… »
L’ALBUM & LE FILM :
14 et 15 décembre 2012, Marcel et son Orchestre donne à Lille, chez lui, deux concerts d’adieu.
De toute la France, les fans, les copains, les fidèles, convergent vers l’Aéronef pour ne surtout pas rater cette dernière folie.
Le public si important, si identifiable, si indissociable de l’aventure « Marcel », a répondu massivement.
Il faut dire qu’après quelques 400 000 albums vendus et plus d’un millier de concerts dans l’hexagone, la nouvelle en étonne plus d’un.
Ces deux dates sont annoncées complètes depuis plusieurs semaines.
Le dress code (panthère) proposé crée une nouvelle déferlante dans les rues de Lille.
A 21h30, le groupe envahit la scène : « Vous êtes prêts à faire les cons !!! ».
Les concerts de ces deux soirées durent plus de 4h. Marcel enchaîne 50 titres de son répertoire, balayant ainsi plus de vingt ans de carrière.
Il s’agit de la « Dernière surprise-party ! ».
Le célèbre triptyque fédérateur « Danse ! Déconne ! Dénonce ! » sera la seule consigne.
Le groupe démarre en jouant le spectacle de la tournée du dernier album
« Dans la joie jusqu’au cou, tous les coups sont permis ! », puis, revisite son répertoire à grand renfort d’invités.
Entre les anciens Marcel et les musiciens amis du groupe (Les Fils de Teuhpu, Skip the Use, Gary Greù, Les Prout, P.O.U.F., Vison, Sheeta & Les Waismmullers, Kiki Girls…), ce sont une cinquantaine d’artistes qui participe à ces soirées.
Pas de temps mort, le show est joué à fond de cale, le plaisir d’en profiter une dernière fois décuple l’adrénaline qui ne leur a pourtant jamais manqué.
On ne devine aucun signe de fatigue.
Marcel aura cette fois encore raison de son « Public Chéri ».
Comment croire que le groupe va déposer les armes ?
Et pourtant si, le final aura bien lieu…
Les clowns seront finalement trahis par leurs yeux, les mots manqueront.
A l’unisson, la salle entonnera « Merci Marcel !! Merci Marcel !! Merci ! ».
Voici donc le film et l’enregistrement de cette dernière folie.
Le dernier concert d’un groupe de Rock en France.
LES BONUS :
Outre la captation du dernier concert, ce DVD propose un contenu particulièrement riche (fuck l’austérité !!!).
J’AI DIX ANS ! :
Un concert acoustique de Marcel et son Orchestre enregistré lors du festival « Les Enchanteurs ».
Marcel y revisite son répertoire.
Pour pousser le vice, les titres les plus Rock deviennent Country, les morceaux Reggae deviennent New Wave énervée…
La SYMPHONIE SANS GLUTEN :
Le 20 décembre 2008, Marcel, accompagné par le grand orchestre des
« Symphonistes Européens » et le « Choeur de l’Université Catholique de Lille » (eh oui !) dirigé par Pierre-Yves Gronier, réadapte son répertoire pour créer la Symphonie Sans Gluten. Soirée organisée par et au profit de l’Association Française des Intolérants au Gluten.
FAIS PAS D’CHICHI :
Quand les Boulonnais de Marcel et son Orchestre se déplacent à Dunkerque pour mélanger leur répertoire à celui de leurs cousins les Prout, c’est une vraie tempête de joie et une des plus belles rencontres de leur histoire.
SALON DU LIVRE DE SAINT LOUIS (SÉNÉGAL) :
La collaboration des Marcel avec l’association Colères du Présent, les conduit en décembre 2008 à St louis du Sénégal pour une création avec l’orchestre Téranga.
ILS ONT DIT…
« On n’a jamais rien calculé, mais c’est comme ça qu’on l’a fait.
Savoir où cela allait nous mener, on s’en foutait.
Le seul mot d’ordre était « Let’s go » comme dans la chanson des Ramones.
La seule envie était de bousculer les certitudes et de taquiner les petits poseurs du rock’n’roll. Un groupe local chantait « Just for a Cadillac » on a hurlé « Rien qu’pour une R12. »
« Si le rock’n’roll est au départ un cri, un besoin de sortir du cadre, du rang, si le rock’n’roll est le moment où on met à mal les codes de bonne conduite, où on peut rire de l’institution de la religion…
Alors ? Alors le rock’n’roll est né dans le Nord-Pas-de-Calais et s’appelle Carnaval.
Si le carnaval est un exutoire, Marcel et son Orchestre en est l’un des meilleurs ambassadeurs. »
« On trouvait amusant de prendre volontairement le nom le plus handicapant possible, le plus potache, juste pour voir jusqu’où cela nous conduirait dans ce monde du paraître et de la frime. »
« On naviguait à vue, sans aucun plan de carrière.
Pendant plusieurs années, on se foutait de déposer les chansons à la SACEM, sur les déclarations de cette vénérable institution, on signait le Pape ou encore Alain Delon, ta mère… On ne savait même pas ce qu’était l’intermittence du spectacle.
On a dû cadrer le bazar car on était de plus en plus visible et réellement hors la loi…»
« Y’avait même pas l’idée de faire un disque, ce sont les premiers fans qui nous ont poussés. Ils voulaient pouvoir déconner sur nos chansons à leur maison. On a lancé une souscription, 300 personnes ont filé 100 Francs (s’ils avaient été dix mille, on se s’rait p’être barrés avec le blé). »
« On n’attendait rien, on recevait tout avec le même plaisir. Si y’avait moyen de jouer, on était là, rien à foutre que cela soit branché… On a fait des steak-frites dansants, le surlendemain les Eurockéennes de Belfort avec le même plaisir. »